Combler l’écart en matière de soins : l’importance d’abaisser votre taux de cholestérol après une crise cardiaque
Si vous avez subi une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral (AVC), le fait de maintenir un taux de cholestérol inférieur au seuil recommandé est l’une des mesures les plus importantes à prendre pour prévenir un futur incident cardiaque.
Si votre système sanguin comporte un taux excessif de cholestérol à lipoprotéines de basse densité (cholestérol LDL), souvent appelé « mauvais » cholestérol, la plaque risque de s’accumuler dans vos artères, ce qui peut mener au durcissement de ces dernières et accroître votre risque de subir une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse (MCVA). Les MCVA regroupent, entre autres, les crises cardiaques, les ACV et les maladies artérielles périphériques (MAP), soit le rétrécissement des artères dans les jambes et les bras. Les MCVA viennent au deuxième rang parmi les principales causes de décès au Canada.
Notre récente étude canadienne, intitulée Risque réel d’événements cardiovasculaires récurrents chez les patients atteints de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse ayant un LDL-C supérieur au seuil recommandé par les directives : une étude observationnelle rétrospective, a révélé que, malgré les progrès thérapeutiques, bon nombre des Canadiens qui survivent à une crise cardiaque ou à un ACV ne respectent pas le seuil de cholestérol recommandé. Par conséquent, plusieurs d’entre elles continuent de subir des récidives de leurs incidents cardiaques.
Or, en améliorant l’information et la gestion du cholestérol parmi les patients et leur équipe de soins de santé, il est possible d’inverser cette tendance. « Cela peut être géré facilement et prudemment et peut être prévenu », déclare Dr Shaun Goodman, cardiologue et responsable adjoint au sein de la division de cardiologique du département de médecine de l’hôpital St. Michael. « Nous savons qu’il existe un lien très étroit entre le respect du seuil de cholestérol LDL et le risque de subir une maladie cardiovasculaire », ajoute Dr Goodman, l’un des auteurs principaux de l’étude.
Risque accru de crise cardiaque
Notre étude s’est penchée sur les données administratives de santé d’environ 33 000 patients de l’Alberta ayant des antécédents récents de MCVA, dont une crise cardiaque, un ACV ou une MAP, et qui présentaient un risque de récidive élevé. Bien qu’on ait prescrit à ces patients les statines indiquées pour gérer leur cholestérol, bon nombre d’entre eux présentaient un taux de cholestérol LDL supérieur au seuil recommandé en vertu des lignes directrices de la Société cardiovasculaire du Canada (SCC), soit un niveau inférieur à 1,8 millimole par litre de sang (mmol/L).
Dans le cadre de cette étude, les patients dont le taux de cholestérol LDL est demeuré supérieur à leur seuil malgré des traitements ont souvent, malheureusement, éprouvé de graves conséquences. Par exemple, un patient sur cinq dont le taux de cholestérol LDL dépassait le seuil recommandé en vertu des lignes directrices a subi un incident cardiaque récidivant, tel qu’une crise cardiaque ou un ACV. De plus, dans certains groupes à risque très élevé (victimes d’une récente crise cardiaque), plus de la moitié des personnes qui ont maintenu un taux de cholestérol supérieur à leur seuil ont subi un autre incident cardiaque dans les trois années suivantes. Pendant la durée de cette étude de trois ans, un patient sur dix est décédé des suites d’un trouble cardiaque.

Connaissez votre situation
Si vous souffrez d’une MCVA, vous devez à tout prix jouer un rôle actif dans la gestion de votre taux de cholestérol pour prévenir un futur incident cardiaque. Notre étude souligne l’importance de connaître ce taux et de le faire vérifier régulièrement. Vous devriez viser à ramener votre taux de cholestérol LDL sous le seuil de 1,8 mmol/L.
Si ce taux n’occupe pas le niveau recommandé, renseignez-vous auprès de votre médecin au sujet des options de traitement offertes pour l’abaisser. Quelque 40 % des patients pourraient avoir besoin de traitements additionnels au-delà de ceux qui leur ont été prescrits lors de leur départ de l’hôpital, explique Dr Goodman. Pour ceux qui ont de la difficulté à atteindre leur seuil à l’aide du traitement de première ligne recommandé, la SCC leur recommande d’obtenir une thérapie hypolipémiante additionnelle sous la tutelle de leur médecin pour les aider à abaisser davantage leur taux de cholestérol.
« Exprimez vos besoins et n’oubliez pas de faire vérifier de nouveau votre taux de cholestérol de quatre à six semaines après avoir subi votre incident cardiaque », conseille Dr Goodman.
Une approche complémentaire
En plus de prendre vos médicaments, vous avez intérêt à modifier votre mode de vie pour gérer votre cholestérol, comme faire régulièrement de l’exercice, gérer votre stress et adopter une alimentation saine. Au moment de changer votre alimentation et votre programme d’exercice, soyez réalistes et privilégiez les petits rajustements que vous êtes moins susceptible d’abandonner. « Ce n’est pas une approche « tout ou rien », explique Dr Goodman. « C’est une combinaison complémentaire d’alimentation, de mode de vie, d’exercice et de traitement dont vous devriez discuter avec votre médecin. »
N’oubliez pas que, pour certaines personnes, la modification du régime alimentaire (sans l’aide de médicaments) n’est pas suffisante pour atteindre leur seul de cholestérol LDL. Le foie produit naturellement du cholestérol, et de nombreuses personnes ont une prédisposition génétique pour la production excessive de « mauvais » cholestérol.
« Pour ces patients, la modification du mode de vie n’est peut-être pas suffisante pour ramener leur taux de cholestérol LDL sous le seuil recommandé. Certains facteurs génétiques, ainsi que d’autres facteurs de risque, prédisposent certaines personnes à la production de mauvais cholestérol, ce qui les expose à un risque supérieur de crise cardiaque et d’ACV; malheureusement, leur taux de cholestérol est trop élevé pour leurs artères. Ce n’est pas leur faute », ajoute Dr Goodman.
Combler l’écart
Malgré les preuves croissantes qui démontrent les avantages de maintenir un taux de cholestérol LDL inférieur au seuil recommandé, il existe toujours un écart considérable en matière de soins au Canada.
Plusieurs facteurs contribuent à cet écart. Bon nombre de patients, et même certains cliniciens, ne sont pas au courant des plus récentes lignes directrices cliniques. Par exemple, plusieurs d’entre eux ne savent pas que le seuil du cholestérol LDL s’élève à 1,8 mmol/L pour les patients qui présentent un risque élevé de subir un incident cardiaque. Les coûts de ces traitements et l’accès à ces derniers demeurent un obstacle pour certains patients15. De plus, ce pourrait être difficile de convaincre les patients de prendre des médicaments additionnels quand ils se sentent bien. Bon nombre de personnes qui prennent déjà plusieurs médicaments pour d’autres états de santé sont réticentes à y ajouter un autre traitement pour abaisser leur cholestérol, estime Dr Goodman.
Pour surmonter ces difficultés, c’est important de placer les patients au cœur de leur programme de soins. Cela consiste notamment à collaborer étroitement avec eux pour qu’ils fassent vérifier régulièrement leur taux de cholestérol LDL et qu’ils comprennent les risques de ne pas maintenir des taux inférieurs au seuil recommandé. « Si nous plaçons les patients au centre de leur programme de soins, je crois que nous aurons de meilleures chances de transmettre cette information. », explique Dr Goodman.
Exprimez vos besoins
Si vous avez subi une crise cardiaque ou un ACV, vous êtes la personne principale qui peut contribuer à la prévention d’une récidive. Dès votre départ de l’hôpital, c’est essentiel de commencer à réfléchir à la gestion de votre taux de cholestérol. Assurez-vous de le faire vérifier régulièrement et, si vous avez de la difficulté à atteindre le seuil recommandé, renseignez-vous auprès de votre médecin au sujet des options de traitement offertes.